Bulletin d'octobre 2018

Le pape François a officiellement annoncé, samedi 19 mai, que le pape Paul VI, Giovanni Battista Montini (1897-1978), serait canonisé le dimanche 14 octobre au cours du Synode des jeunes à Rome. En évoquant cet événement en février 2018 lors d’une rencontre avec le clergé romain, il plaisantait : « Jean XXIII et Jean-Paul II sont déjà saints … Benoît et moi sommes en liste d’attente ». Quant à Jean-Paul Ier sa cause de béatification est en cours.

La canonisation systématique  des papes du Concile Vatican II n’échappe à personne surtout si on les compare avec leurs prédécesseurs. Pensons qu’en cinq siècles seuls saint Pie V (1504-1572) et saint Pie X (1835-1914) ont été canonisés. Ces canonisations contemporaines semblent davantage être la canonisation du Concile lui-même que de ses hommes. Ils l’ont convoqué, organisé, défendu, promu. Avec le titre « saint » accolé à leur nom, leur œuvre devient inattaquable. C’est bien pourtant de leurs œuvres qu’il s’agit.

La canonisation est l’achèvement d’un processus visant à prouver l’héroïcité des vertus du personnage et à le présenter, en conséquence, comme modèle sûr à suivre pour accomplir son salut. Et voilà le problème. Nous constatons que ces papes, et spécialement Paul VI, ont agi à l’encontre de la pratique traditionnelle de l’Eglise. Celui-ci s’est employé à appliquer dans tous les domaines les nouvelles doctrines de Vatican II. Mgr Francesco Spadafora évoque un « parallélisme antithétique » entre saint Pie X et Paul VI. « Saint Pie X avait dressé contre le modernisme une série de barrières ; Paul VI les mit à terre les unes après les autres ».

Les différentes étapes de cette destruction sont synthétisées dans l’ouvrage 1962 Révolution dans l’Eglise de Don Andrea Mancinella paru aux Publications du Courrier de Rome. Citons en quelques unes. En 1965, Paul VI félicite les membres du Rotary Club et de l’ONU, organismes rejetant les droits de Dieu. Le 7 août de cette même année, il rencontre le patriarche schismatique de Constantinople pour une levée réciproque d’excommunication. Le 23 mars 1966 à Rome, il fait bénir les cardinaux et évêques par l’ « archevêque » hérétique et schismatique anglican de Cantorbéry et lui met au doigt son anneau papal. Le 14 juin suivant, l’Index des livres interdits est supprimé. En juin 1967, les diacres mariés sont autorisés. Paul VI promulgue le Novus Ordo Missae (nouvelle messe dite de Paul VI) le 3 avril 1969. Ce même mois, les laïcs sont autorisés à donner la communion. Un mois après, Paul VI donne la possibilité de distribuer la communion dans la main. La liste est longue et incontestable.

Mais, peut-on objecter,  Paul VI est tout de même le pape de l’encyclique Humanae Vitae. Certes ! Toutefois, un pape qui défend les mœurs ne fait que son devoir et une encyclique ne saurait justifier une canonisation. De plus, il est vain de vouloir préserver la morale en sapant les principes qui lui servent de fondement.

« Il était de bonne volonté » diront les uns. Peut-être, Dieu seul peut sonder les reins et les cœurs. « Il est sûrement au Ciel », diront les autres. Nous le souhaitons de tout notre cœur de chrétien. Il ne s’agit pas de juger l’homme mais de juger ses actes. Avec le recul nous constatons combien ils furent néfastes pour l’Eglise et nous ne pouvons suivre ce chemin.

La sainteté telle qu’elle était conçue avant le Concile Vatican II n’est pas la même que celle qui est formulée par les tenants de la nouvelle doctrine issue du Concile. Liberté religieuse et œcuménisme ont remplacé royauté sociale du Christ et apostolat missionnaire. La notion de sainteté n’est plus la même et on veut nous faire croire le contraire en mettant sur les autels des saints antinomiques. Paul VI devient saint comme Padre Pio, le capucin stigmatisé qui refusa les réformes liturgiques.  En 1967, sur la pression du Vatican, l’Espagne a accepté la liberté religieuse ; Paul VI sera saint comme les martyrs de la guerre civile espagnole !

L’aliénation de la notion de sainteté provoque un imbroglio que nous laissons le soin à un futur pape de démêler. En attendant, nous restons fidèles à la foi de toujours dont les saints authentiques nous montrent l’exemple. Nous restons également fidèle aux sacrements qui ont épanoui cette sainteté.

Abbé Jean-François Mouroux