Bulletin de juillet et août 2018

En nous invitant à réciter quotidiennement les litanies du Précieux-Sang tout le mois de juillet, l’Eglise nous rappelle le prix douloureux de notre rédemption : « Le Christ nous a aimé, il nous a lavé de nos péchés par son Sang » (Apocalypse de Saint Jean I, 5). Depuis le péché originel, les hommes se sont volontairement asservis à Satan. Seul un prix infini pouvait réparer l’offense infinie. « Pour nous les hommes et pour notre salut, il est descendu des cieux, il s’est incarné par l’opération du saint Esprit dans le sein de la Vierge Marie et il s’est fait homme. » (Symbole de Nicée-Constantinople).

Dieu aurait pu décider de pardonner sans réparation. Il convenait toutefois que pour contenter sa justice un prix soit versé comme rançon du péché. Ce prix infini, c’est celui du Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu, vrai homme. « Le Christ nous a racheté non avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre Sang. » (Hebr. IX, 12). En le versant jusqu’à la dernière goutte sur le bois de la Croix, notre Sauveur nous montre la gravité du péché et l’immensité de son amour. La loi de notre Rédemption est celle d’un amour qui se donne, qui se sacrifie : «  Le fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie pour la rançon de la multitude. » (Matth. XX, 28).

A la suite de Notre-Seigneur Jésus-Christ, l’Eglise a répandu la foi et la grâce par un ministère le plus souvent exercé dans l’épreuve. Son histoire est riche de l’héroïsme de tant de saints : à l’exception de saint Jean, tous les apôtres sont morts martyrs ; les annales de la propagation de la foi sont remplies de récits missionnaires qui attestent ce tribut de souffrance versé pour la conversion des païens ; tant d’âmes ferventes ont affronté généreusement les renoncements de la vie cloîtrée ou consacré leur énergie au service des plus faibles pour l’amour de Dieu… Pour répandre avec succès le Sang rédempteur sur le monde, l’Eglise expérimente chaque jour dans ses membres le prix à payer pour le salut des âmes.

Pour que le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ porte également du fruit dans notre âme, nous devons y joindre le nôtre : «  Jésus, pour sanctifier le peuple par son sang, a souffert en dehors des portes de Jérusalem. Sortons donc avec lui… portant son opprobre. » (Hebr. XIII, 12). Si on reconnaît les vrais amis au moment de l’épreuve, on reconnaît le vrai chrétien à ses œuvres et à son esprit de sacrifice.

« Comprends-tu ce que sont les peines ? Elles sont le seul moyen de mettre ton amitié en action. Souffrir devient autre chose que souffrir : non plus peine et douleur, mais service d’amour. (…) Celui qui aime va à la souffrance comme à l’incarnation de l’amour. » (Henri Pourrat, Bienheureuse Passion p 69). Incarner notre charité, tel est le sens de nos bonnes œuvres et de nos sacrifices : « Le royaume de Dieu consiste non en parole, mais en œuvres. » (I Cor. IV, 20). En ce sens, Notre-Seigneur a loué la modeste obole de la veuve : « Je vous le dis, en vérité, cette pauvre veuve a donné plus que tous ceux qui ont mis dans le tronc. Car tous ont mis de leur superflu, mais cette femme a donné de son nécessaire, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » (Marc, XII, 44).

A l’heure où, moyennant quelques clics, nous disposons si facilement de tant de choses superflues, la dévotion au très Précieux Sang nous rappelle ce point fondamental de notre vie chrétienne : on n’obtient rien sans se donner un peu de peine.

Puisse le Très-Précieux-Sang imprégner notre âme de cet amour infini dont il découle afin que bannissant toute superficialité nous nous conduisions « d’une manière digne du Seigneur » et lui plaisions « en toutes choses, produisant du fruit en toute sorte de bonnes œuvres et faisant du progrès dans la connaissance de Dieu. » (Col. I, 10).

Abbé Jean de Loÿe

 

Bulletin de Genève, de Lausanne et des Rousses

Juillet et août 2018