Lettre Circulaire aux fidèles de Suisse – Le Rocher 134 – Déc. 2021-Janv. 2022

Bien chers fidèles,

Cette période de l’Avent est vraiment belle à contempler ! Pour de multiples raisons, certainement, mais peut-être tout particulièrement dans cette disponibilité de la sainte Famille à tout faire pour que l’Enfant-Dieu naisse là où la Providence l’avait décidé de toute éternité.

Alors que Nazareth aurait vraiment dû, à tout point de vue, consister dans le lieu idéal pour cet événement hors du commun, la volonté divine en avait disposé autrement. Les préparatifs, la maison, les proches : tout était prêt et si simple sur place, mais là ne se trouvaient pas les plans du bon Dieu.

C’est donc à l’issue d’un long et pénible voyage, dans une humble étable près de la petite bourgade de Bethléem, que Dieu a choisi de s’incarner. Pourquoi ? Même si les éléments de réponse sont nombreux, à commencer par l’accomplissement des mots du prophète Michée, cela reste un mystère ! Mais un beau mystère, car c’était la meilleure chose que Dieu pouvait faire, Dieu faisant toujours ses choix avec perfection et sa sagesse étant éternelle.

Alors, il y a bien plus à méditer et à contempler, qu’à expliquer et à comprendre ! Pensons peut-être tout simplement à ces bergers… Sans ce choix mystérieux de la Providence, auraient-ils eu seulement l’occasion de connaitre et d’adorer le Roi des rois ? En tout cas, ils ont pu bénéficier d’une grâce de choix qui n’était certainement pas due au hasard.

Je crois qu’il y a une belle leçon pour nous à tirer de ces évènements de l’Avent, car nous avons exactement la même mission que la sainte Famille, toutes proportions gardées. Comme Marie et Joseph, il nous faut faire naître le Christ ! Faire naître le Christ par la grâce dans notre âme, dans les âmes de ceux qui nous sont confiées tant au niveau familial que professionnel, mais encore dans les âmes de ces millions de personnes qui nous entourent et qui ignorent tout du Sauveur.

Le point critique et intéressant pour nous, c’est justement que dans notre vie, comme à Nazareth au moment pour Marie et Joseph de débuter ce voyage, nous sommes face à des choix qui déterminent notre façon d’agir. Nous sommes partagés et un peu déboussolés par la manière dont Dieu agit avec nous.

A l’école de la sainte Famille, nous avons la réponse : nous devons nous concentrer sur l’essentiel et retrouver là notre ligne de conduite. Peu importe les circonstances, peu importe les certitudes humaines : il nous faut suivre les voies de la Providence, il nous faut avoir confiance en Dieu et c’est ainsi que nous pourrons agir vraiment selon la volonté de Dieu.

Tout autre famille que la sainte Famille aurait pu être trop absorbée par les préparatifs, ou elle aurait peut-être tout simplement refusé de partir : ce risque est évident et c’est si attirant de se laisser détourner de l’essentiel !

Que la simplicité de ce temps de l’Avent nous permette de faire ce vide et de retrouver la simplicité d’un enfant. Nous avons pu faire dans les années précédentes des efforts particuliers pendant l’Avent pour prendre de la distance avec les moyens électroniques qui dévorent notre vie. Cette nécessité est plus que jamais d’une extrême actualité : ne nous laissons pas distraire de notre rôle de chrétien.

Mais la situation présente ne doit pas nous faire perdre la paix et la clairvoyance. Ces temps d’incertitude que nous traversons sont tellement instructifs : nous pouvons parfois nous laisser aller à penser que l’absolue nécessité se situe dans tel ou tel combat, mais finalement, que sont ces choses devant Dieu, favorisent-elles le salut des âmes ou finalement plutôt l’inverse ?

Je suis vraiment inquiet quand je vois le poids que prend chez nous des sujets comme la vaccination ou le port du masque. Nous avons répété et expliqué que ces domaines relevaient de la prudence, mais apparemment il faut des théories toujours plus absolues pour intéresser et captiver. Il faut des docteurs en morale et en théologie qui distribuent les bons et mauvais points et souvent faussent les consciences.

Si notre pays va mal, c’est qu’il n’est plus chrétien, la politique du corona ne vient que mettre en valeur cet état de fait, et non l’inverse. Il faut donc lutter pour la christianisation de notre pays et laissons de côté le corona.

Si nos communautés sont si divisées, c’est que la charité se refroidit et que l’on juge la valeur d’un chrétien à ses opinions sur la pandémie. Unissons-nous vraiment, prions avec ferveur pour faire susciter des vocations, soutenons les familles en difficulté et laissons de côté ce corona qui n’amène que divisions et ruines.

Avant de connaître tous les ressorts de cette crise du corona, avons-nous pensé à toutes ces âmes ? Un peu comme saint François, on devrait traverser les champs en criant : « Deus non amatur », « Dieu n’est pas aimé ». Nous ne trompons pas de combat, ne perdons pas nos forces dans des divisions inutiles : « Dieu n’est pas aimé », Dieu n’est pas connu : commençons par là et tout le reste nous viendra par surcroît.

Celui dont la maison est en feu ne perd pas tellement de temps à récupérer les objets qui ont le plus de valeur : il prend la fuite, tellement heureux d’avoir sauvé sa vie. Mais plus le temps passe et plus il doute d’y retourner : finalement il hésite de prendre de grands risques pour de petits gains.

C’est bien ce à quoi nous sommes confrontés : prendre de grands risques pour de petits gains, s’enfermer dans ses idées, diviser les familles et les paroisses pour quels résultats ? Au contraire, il y a des petits risques qui valent la peine, parler de Dieu et non du corona à son collègue de travail, parler de sa foi à son ami : c’est toujours une part de risque, mais c’est évidemment un risque qui en vaut la chandelle !

Que ce temps de l’Avent puisse nous amener aux chants des anges : « Paix sur terre aux hommes de bonne volonté ! » Que le bon combat de la Fraternité ne soit pas pollué par ces querelles inutiles et dangereuses autour du corona. Que nous soyons au contraire apôtres pour faire naître Dieu dans les âmes ! Ce serait vraiment le plus beau cadeau de Noël que nous pourrions préparer et le plus bel Avent à l’école de la sainte Famille.

Abbé Thibaud Favre

 

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